Dans la peau
d'un Zèbre

Le Sporting Charleroi nous a ouvert ses portes durant une semaine. Immersion dans les coulisses du club carolo,
dont le début de saison est très prometteur...

En tant que seuls leaders de Pro League. Et avec un énorme sourire sur le visage. Voilà comment se sont réunis, chaque matin, les joueurs de Charleroi entre le 12 et le 16 septembre 2017. Durant ces quelques jours ô combien particuliers dans la vie du club zébré, le Sporting nous a ouvert ses portes, en exclusivité.

Nous avons pu partager les moments qui rythment la vie quotidienne des Zèbres. Du petit déjeuner à la causerie d'avant-match, en passant par les entraînements, les soins ou la préparation vidéo des matches, La DH vous propose une immersion dans le vestiaire carolo. Enfilez vos crampons....


par

Comme à la maison

Il est 9 heures. Les premiers joueurs commencent à arriver au stade. Chacun se gare dans le parking du Mambourg puis rejoint le vestiaire, où Bello, le magasinier du club, a soigneusement disposé les équipements de chacun, reconnaissables par leur numéro.

Direction ensuite la salle du petit déjeuner, qui se situe à l'étage. Les premiers joueurs y sont déjà installés. Nicolas Penneteau déguste son café et lit les nouvelles du jour, sur son smartphone.

Un à un, ses équipiers le rejoignent. Yaourts, confitures, café, jambon, fromage, fruits, avocats... Le choix est varié et chacun a ses habitudes. Nadine, la "maman" des joueurs, leur prépare aussi des omelettes. "C'est deux oeufs, hein, toi?", lance-t-elle à Gaëtan Hendrickx, qui lui répond d'un pouce levé.

Autour de la table, les discussions tournent rapidement autour du football. "Je t'avais dit que Kums en défense centrale face au Bayern, c'était carte rouge assurée", lance Dorian Dessoleil à Julien Célestine, mercredi matin. Clément Tainmont et David Pollet, eux, regardent les buts inscrits par le PSG sur le smartphone du premier. "Neymar, Mbappé, Cavani, c'est vraiment fort", sourit le premier.

A la table à côté, le staff termine lui aussi de manger. "Comme tous les matins, je mange deux yaourts", se marre Felice Mazzù. "Non, en fait, d'habitude, c'est plutôt rillettes et deux tartines. Mais comme vous êtes là, je fais un effort." Philippe Simonin (préparateur physique), Mario Notaro (T2) et Michel Iannacone (entraîneur des gardiens) explosent de rire.
Le ton est donné. Les choses sérieuses peuvent débuter.

Déjà concentrés

Avant l'entraînement, les joueurs qui souffrent de petites (ou grosses...) blessures passent chez le docteur Borlée puis entre les mains des kinés.

Jordan Remacle, blessé depuis plusieurs semaines, a malheureusement fait de cette salle son QG ces derniers temps. "Ce n'est pas facile à vivre tous les jours mais je vis mieux les choses à 30 ans qu'il y a dix ans", nous confie-t-il. "Mais quand je vois ce que fait l'équipe, je ne peux qu'être fier. Et je me réjouis de pouvoir les aider sur le terrain."

A côté de lui, Dorian Dessoleil a les deux jambes dans le Game Ready, une technologie qui permet le refroidissement des muscles. "Ce sont deux énormes bottes qui permettent de faire circuler de l'eau glacée. C'est comme un bain froid avec de la pressothérapie", explique Philippe Simonin.


Pendant ce temps-là, David Pollet et Nicolas Penneteau s'échauffent dans la salle de musculation. Les deux hommes, soucieux d'éviter les petites blessures, font partie des plus assidus à cet exercice. Tout comme Stergos Marinos, dont la musculature est impressionnante.

A côté du vestiaire, le staff est réuni, dans son local, où il prépare l'entraînement du jour. Philippe Simonin prendra en charge l'échauffement, Mario Notaro les premiers exercices et Felice Mazzù terminera par une séance un peu plus tactique. Rien n'est laissé au hasard.


"Dans le car, tout le monde s'installe toujours à la même place. Les footballeurs changent rarement leurs habitudes."

Philippe Simonin, préparateur physique du Sporting

L'entraînement est, évidemment, la partie centrale d'une journée, en semaine. Pour se rendre à Marcinelle, où se trouve leur centre d'entraînement, les Zèbres ont la particularité d'utiliser le car du club. "Cela fait partie de notre quotidien", explique Felice Mazzù dans un sourire, derrière lequel on devine l'envie de vouloir se passer de ce trajet de 15 minutes avant et après les séances.

Les joueurs, eux, s'y sont bien accommodés. Chacun a sa place désignée, comme dans le vestiaire. "Les footballeurs changent rarement leurs habitudes", précise Philippe Simonin. "Que ce soit dans le vestiaire, dans le car ou à table, chacun s'assied toujours à la même place. C'est pareil en stage : la manière dont ils sont assis le premier jour conditionne tout le séjour."

Dans le car, les smartphones sont de sortie. Photos, vidéos, réseaux sociaux, tout y passe. Dans la bonne humeur, malgré la pluie battante qui s'abat sur les vitres. "Un bon temps à la belge...", soupire Mario Notaro. "Mais on ne s'inquiète pas. Il y a un micro climat au dessus de Marcinelle. Je suis sûr qu'il y fera bon."

Aussi incroyable que cela puisse paraître, l'inoxydable T2 avait raison. Il ne tombe pas une goutte à Marcinelle. Les jardiniers du club sont même en train... d'arroser le terrain. Les joueurs, eux, sortent du car un à un.

Cette semaine, c'est Joachim Imbrechts, Julien Célestine, Cristophe Diandy, Gaëtan Hendrickx et Mamadou Fall qui sont désignés responsables du matériel (ballons, chasubles, eau...). Le Sénégalais est le dernier à sortir du car. Lorsqu'il ouvre la soute, elle est vide. Ses coéquipiers ont déjà tout emmené avec eux. Fall sourit. Il semble avoir trouvé la bonne technique pour éviter d'être de corvée...

A peine arrivés sur le terrain, les joueurs enfilent leurs chasubles et tapent le ballon. Rapidement, la pluie fait son apparition. Le micro climat de Mario Notaro n'aura duré que quelques minutes. Mais cela n'empêche pas les Zèbres de se mettre au travail.

Les séances varient selon les jours. Mardi, les joueurs n'étaient pas venus à Marcinelle, se contentant de musculation et de soins, 48 heures à peine après le partage au Standard. Mercredi, la séance matinale est intense. "La plus intense de la semaine", souligne Philippe Simonin. Cela se ressent dans les duels. Cristian Benavente doit même écourter l'entraînement suite à un coup sur la cheville reçu dans un duel avec David Pollet.

Javier Martos, lui, se plaint du genou après un contact musclé avec Kaveh Rezaei, qui s'excuse directement auprès de son capitaine. Les deux hommes seront au poste le lendemain (jeudi), pour une séance plus légère. "On débute par un tennis ballon puis on effectue une mise en place tactique", explique Felice Mazzù. "Aujourd'hui, c'est un peu plus ludique." Les joueurs semblent apprécier.

En fin de séance, une dizaine de Zèbres se positionnent derrière la ligne du grand rectangle. Et se lancent un défi : toucher la barre transversale avec leur mauvais pied. David Pollet est le premier à réussir. Enes Saglik l'imite rapidement, comme Francis N'Ganga. Quelques minutes plus tard, Cristophe Diandy est le grand perdant. Il devra payer le gel douche à toute l'équipe. Et ses coéquipiers ne manquent pas de le chambrer au moment de rentrer dans le car...

Bello au boulot

Dès le retour de l'entraînement, les joueurs carolos se précipitent vers Bello pour lui donner leurs vêtements (trempés). David Dal Mut, de son vrai nom, le magasinier du club, ne perd pas de temps et enchaîne les premières machines. "Honnêtement, je suis incapable de vous dire combien j'en fais par jour...", explique celui qui travaille au Sporting depuis plus de quinze ans et qui se lève à 5h30 tous les jours pour être au Mambourg à l'arrivée des joueurs.


Présent au stade tous les jours, cet ancien joueur du Sporting chez les jeunes, souvent accompagné par son papa dont il a pris la succession, est devenu, au fil des années, une figure emblématique du club, où il est unanimement apprécié.

Sur le mur de son local fleurissent les photos souvenirs, les maillots et les articles de presse. Dont plusieurs sont consacrés à François Sterchele, disparu trop tôt et qu'il n'a jamais oublié... "Une amitié très forte s'était créée entre nous", précise Bello, ému.

Au fil des années, les amitiés se sont multipliées avec de nombreux joueurs, passés et présents. L'une d'elle lui a même valu son surnom. Lorsqu'il arrivait au stade, Dante Brogno lançait toujours un "Ciao Bello" à son magasinier préféré. Depuis lors, c'est resté...

L'indispensable vidéo

L'entraînement est terminé mais le coach, lui, est toujours à l'ouvrage. Aux côtés de Wahib Neghli, le technicien vidéo du club, il découpe les images du dernier match. Le but : préparer la séance vidéo et montrer aux joueurs ce qu'ils ont bien fait mais surtout ce qu'ils ont mal fait.

"Le positionnement de Carlinhos nous a posé des soucis dans les intervalles, mets le bien en avant", explique Felice Mazzù à Wahib, dont il loue l'importance. "Son travail est précieux dans ma manière de travailler. Il m'aide énormément dans les découpes de match, dans les analyses et il est là pour nous soutenir, Mario et moi, dans l'apport d'images ou d'informations qu'on peut accrocher dans le vestiaire. Dans le staff, il est très important et m'aide à être plus complet dans mes analyses."


A Charleroi, la vidéo fait partie intégrante d'une semaine de préparation. Elle est utilisée à trois reprises : en début de semaine, pour débriefer le dernier match joué, en milieu de semaine, pour présenter l'adversaire du week-end, puis en fin de semaine, au moment de la causerie d'avant-match, qui mixe en quelque sorte les deux.

Voici le début de celle prononcée par Felice Mazzù avant Charleroi-Waasland-Beveren, le 16 septembre, où nous avons exceptionnellement pu glisser notre micro...


Dans le vestiaire

Le vestiaire d'une équipe de football est sacré. Un peu comme à Las Vegas, ce qu'il s'y passe n'en sort pas. Les Carolos ont accepté que nous y pénétrions afin de partager l'ambiance exceptionnelle qu'il règne dans le groupe zébré.

Dès l'entrée du couloir qui mène au vestiaire, la musique et les chants résonnent. Le retour de l'entraînement est le grand moment de décontraction de la journée. Les ambianceurs du vestiaire que sont Amara Baby, Parfait Mandanda, Mamadou Fall, Nurio ou Cristophe Diandy s'en donnent à coeur joie au moment de se déhancher sur leurs musiques préférées.

Entre la douche et les soins du kiné, les joueurs chantent, dansent et font la fête, dans la bonne humeur. C'est sans doute dans ces moments-là que la cohésion du groupe se crée. Et ils l'emportent avec eux jusque sur le terrain.

Pas dérangé pour un sou par notre présence, Amara Baby s'empare de notre caméra et fait le show. Sans retenue, il filme ses partenaires, à moitié habillés, et rigole aux éclats. Sur le terrain, le Sénégalais est inarrêtable. Dans le vestiaire, c'est pareil... "C'est ça, Charleroi", sourit-il au moment de nous rendre la caméra. Et c'est ce qui fait le charme d'une équipe attachante, dont la réussite actuelle ne doit rien au hasard...