Premier épisode de notre nouvelle série 100% web "Histoires de Diables". Jusqu'au Mondial en Russie, tous les quinze jours, la DH vous raconte la belge histoire d'une star de notre équipe nationale. Premier épisode, exceptionnellement gratuit! avec Romelu Lukaku
D'Anvers à Manchester, en passant par Anderlecht ou Everton, voici, en 9 chapitres comme son poste sur le terrain, comment Romelu est devenu le joueur belge le plus cher de la planète foot
Chelsea, le grand saut
18 août 2011 > 10 août 2012
Juillet 2013 > 2 septembre 2013
(15 matches, 0 but)
“Dans la tribune, je deviens fou”
Romelu Lukaku a ciré le banc de Chelsea,
trop souvent à son goût, lors de sa première saison en Angleterre.
Lukaku, lors de son arrivée à Chelsea.
En ce samedi 27 août 2011, le ciel londonien est d’un bleu qui tend vers l’azur. Le soleil inonde de ses rayons généreux Stamford Bridge. Frank Lampard vient de transformer un énième penalty pour Chelsea pour permettre aux siens de prendre l’avantage contre Norwich (2-1). Au bord, du terrain, André Villas-Boas tape sur l’épaule de Romelu Lukaku.
17 jours après avoir mis les pieds à Londres, 9 après sa signature, l’attaquant qui n’avait jamais assisté en live à un match anglais s’apprête à plonger dans un autre monde. À réaliser son rêve d’enfant : jouer en Premier League sous le maillot de Chelsea. Son idole de toujours et désormais voisin dans le vestiaire, Didier Drogba, est sortie KO quelques minutes plus tôt. Fernando Torres lui donne l’accolade au moment de lui céder sa place. Au chronomètre, il ne reste que 7 minutes à disputer mais le temps additionnel à rallonge en octroiera 10 de plus à l’attaquant qui, sur son premier ballon, se défait du marquage de Ritchie De Laet grâce à son contrôle pour lâcher les chevaux. La puissance de sa course arrache un rugissement de plaisir à Stamford Bridge que l’attaquant croit faire exploser à deux reprises. Mais ni sa tête sur un centre de Nicolas Anelka, ni sa frappe du gauche trop écrasée ne parviennent à tromper Declan Rudd qui cède par contre devant Juan Mata qui préfère la jouer perso plutôt que de servir Lukaku idéalement placé.Mais il en faut plus pour empêcher le Diable de sourire. Encore et encore.
Lukaku a ses débuts avec Chelsea.
“Après 5 minutes, on réalise qu’on est en Premier League, cela va très vite”, explique-t-il alors au micro de la BBC. “C’était incroyable, cela me motive pour en faire encore plus. En tant que jeune, je suis venu pour apprendre, je veux juste montrer au club que si on a besoin de moi, je suis prêt.”
Trois semaines plus tôt, Lukaku avait quitté le Parc Astrid sur son 41e et dernier but anderlechtois en embrassant son maillot contre Malines. Une déclaration d’amour en même temps qu’un au revoir qui ne faisait plus guère de doutes au fil d’un été où son transfert a viré au feuilleton. Durant toute cette période faite de tractations et d’incertitudes, Ariël Jacobs ne le trouve “pas du tout perturbé” et continue à l’aligner à chaque fois. Refusant de discuter de l’avancée des négociations, le Diegemois échange par contre avec son joueur une fois sa signature à Londres actée.
“Nous avions parlé de l’entretien qu’il avait eu avec Villas-Boas qui avait cinq attaquants déjà à sa disposition. Lui savait qu’il allait devoir être le troisième. J’étais mal placé pour juger car je ne connaissais pas les préférences du Portugais mais j’ai dit à Romelu que cela allait être très dur mais qu’à aucun moment, il ne devait se décourager. Il pouvait être un jour titulaire et le lendemain sur le banc ou en tribunes. À ce moment-là, il m’a répondu : ’Dans la tribune, je deviens fou’. Je n’avais pas rebondi là-dessus mais je savais que cela allait être difficile. Mais lui était animé de cette conviction très forte qu’il serait dans les 18.”
Les craintes de Jacobs vont rapidement s’avérer fondées. Quatre jours après ses premiers pas avec les Blues, Lukaku encaisse un premier coup : son nom ne figure pas sur la liste des 22 joueurs rentrée par Chelsea à l’Uefa pour la Ligue des Champions. Et les propos tenus par André Villas-Boas au moment de la signature du Diable prennent une autre résonance.
“Lukaku va désormais faire face à une concurrence qu’il n’a jamais connue dans sa vie. Regardez le nom de nos attaquants : Drogba, Torres, Anelka, Kalou, Sturridge”, énonce le Portugais. “Il doit s’y faire il recevra certainement sa chance plusieurs fois cette saison.”
“Comme tout jeune qui arrive, forcément, cela nécessite du temps et il faut composer en fonction de l’effectif, encore plus à un poste clef comme en attaque où l’expérience a tendance à être privilégiée. Et Dieu sait qu’il y avait de l’expérience à l’époque : devant lui, il y avait presque des légendes”, rappelle Christophe Lollichon, à l’époque en charge des gardiens londoniens. “Il n’a jamais lâché mais il sentait que cela devenait de plus en plus difficile.”
Résultat, ses apparitions s’espacent. 22 minutes à Old Trafford le 18 septembre. 18 autres le 29 octobre lors de la réception d’Arsenal. Puis plus rien jusqu’au 8 janvier…
Romelu a eu peu de temps pour faire ses preuves
lors de sa première saison anglaise.
“Il n’a jamais lâché mais il sentait que cela devenait de plus en plus difficile”, se souvient Jacobs, qui échange beaucoup à l’époque avec son ancien protégé “pour continuer à lui donner du courage”.
“Voyant les matches s’enchaîner sans lui, la frustration aurait pu grimper mais il a toujours été respectueux des décisions prises”, rappelle Lollichon. “Didier (Drogba) a toujours chaperonné les plus jeunes, encore plus les attaquants. Cela l’a forcément aidé : quand vous avez des garçons comme Didier qui vous mettent le bras sur l’épaule. Luka observait beaucoup.”
Et il travaillait aussi énormément. “Je me souviens des discussions qu’on avait : il était très lucide à la fois sur son jeu et sur les exigences de son poste. Il dénotait par sa puissance, ses qualités dans les airs et sa vitesse mais il avait aussi des manques techniques à l’époque”, poursuit le Français. “En fait, son rapport avec le ballon n’était pas toujours fluide. Et après chaque séance, Di Matteo le prenait durant 10 ou 15 minutes pour fluidifier son rapport avec le ballon. Le menu était varié, cela pouvait être du tennis ballon, un circuit de passes courtes ou autre chose.”
La promotion de l’Italien début mars à la place de Villas-Boas fait naître un espoir dans le camp Lukaku. Christophe Henrotay, qui gère à l’époque les intérêts du Diable, s’en réjouit : “Di Matteo est celui qui connaît le mieux Romelu. Cela ne peut pas être pire que sous Villas-Boas et cela peut donc signifier un nouveau départ.”
Ou un départ tout court qui germera au fil de l’été 2012 après une saison à 12 apparitions et 0 but, loin, très loin des rêves caressés ce 27 août 2011.
À Everton, a star is born
3 septembre 2013 > Juillet 2017 (166 matches, 87 buts)
"Un finisseur phénoménal"
Son visage trahit son incrédulité. Ses mains agrippent ses fines tresses. Son regard navigue dans le vide. Manuel Neuer vient de repousser le tir au but de Romelu Lukaku et offre la Supercoupe d’Europe au Bayern. Le sol se dérobe sous les pieds de l’attaquant de Chelsea, malheureux comme une pierre. Daniel Van Buyten a l’élégance de venir réconforter son équipier en sélection avant d’aller célébrer ce nouveau trophée. David Luiz suit. Rien n’y fait. Lukaku est dépité.
Lukaku rate le tir au but décisif en Supercoupe avec Chelsea.
Son dernier match en Blue.
“J’ai souffert pour lui, il a fait une fantastique saison l’an passé et il va devenir un formidable attaquant”, lâche Frank Lampard au micro de la BBC.
Parti en Chine, son idole Didier Drogba ne l’oublie pas : “Continue à travailler dur, des jours meilleurs viendront”, écrit l’Ivoirien sur les réseaux sociaux. “Les Blues n’abandonnent jamais. Tu es un Blue, tu es Chelsea.”
Le Diable ne le sera plus 72 heures plus tard. Ce tir au but manqué résonne comme le cruel épilogue de sa vie dans le club de ses rêves. L’été avait pourtant fait naître des promesses : de retour à Londres, Lukaku avait marqué des buts et les esprits en préparation avec 5 réalisations, le meilleur total de l’effectif. Mais dans l’esprit de José Mourinho, lui aussi de retour, s’est installé le doute. Dès la reprise du championnat, le Portugais, qui peut compter en pointe sur Fernando Torres, Demba Ba et Romelu Lukaku, ne ferme pas la porte à l’arrivée d’un nouvel attaquant alors qu’il ne joue qu’avec un avant-centre.Le 29 août, au lendemain de la perte de la Supercoupe, la venue de Samuel Eto’o est officialisée.
En ce samedi de fin d’été, Lukaku est à Bruxelles et s’apprête à débuter la préparation du déplacement en Écosse, qualificatif au Mondial. Le mercato doit fermer ses portes le lundi qui suit, premier jour du stage. L’attention est focalisée sur Marouane Fellaini dont le départ d’Everton pour Manchester United finit par se décanter sur le gong. Comme le prêt de Lukaku chez les Toffees. Vers 19h, l’attaquant prend connaissance de l’intérêt d’Everton. Son téléphone s’apprête à chauffer. Le Diable appelle ses parents pour faire le point sur la situation. Puis Roberto Martinez le contacte et le rassure. L’Espagnol a dans sa manche un atout de poids : Kevin Mirallas. Le Liégeois partage le même agent que Lukaku, à l’époque Christophe Henrotay, et entre en scène.
“Je l’ai rejoint dans sa chambre et je ne l’ai pas quitté avant qu’il signe”, s’amuse celui qui a rejoint Everton un an plus tôt.
Un ultime coup de fil de José Mourinho valide définitivement le prêt.
“Ensemble, on s’est dit que c’était la meilleure solution”, explique Lukaku, qui refuse les offres de Malaga et, surtout, de West Bromwich.
“Il a bien fait d’aller à Everton”, reconnaît, beau joueur, Mulumbu.
“Je pensais rester, mais seulement à 90 %, j’avais quelques doutes sur mon temps de jeu”, ne cache pas Lukaku. “À mon âge, je dois absolument jouer.”
Surtout quand se profile à l’horizon de sa fin de saison la Coupe du Monde 2014 au Brésil.
Son arrivée à Everton suscite l’engouement.
“Les attentes étaient élevées à la fois parce qu’il sortait d’une bonne saison à West Bromwich mais aussi parce que les supporters d’Everton étaient persuadés que Chelsea allait vouloir le reprendre. Et ils n’avaient pas non plus oublié que quelques années plus tôt, David Moyes avait parlé d’un jeune avant-centre de 16 ans qui allait devenir un joueur de
classe mondiale et qui marquait déjà beaucoup avec Anderlecht”, se rappelle Greg O’Keeffe, qui suit le club pour le Liverpool Echo. “Les gens avaient donc encore son nom en tête.”
Son prêt s’intègre aussi dans un contexte mouvant : le club vient de tourner la page David Moyes, en poste depuis 11 ans, et entre dans l’ère Roberto Martinez, que le Diable va personnifier en faisant d’emblée l’unanimité au sein du staff de l’Espagnol.
“On pouvait deviner à quel point il était sérieux sur le football. C’était toute sa vie.
Il parlait même des entraînements”
“À l’époque à Everton, nous avions vraiment besoin d’un joueur pour mettre le ballon au fond des filets. Et lors des dix dernières années, je n’ai croisé personne qui faisait cela aussi bien que Romelu Lukaku”, explique Graham Jones, qui était déjà l’adjoint de Martinez. “Je me souviens avoir parlé football à Romelu et on pouvait deviner à quel point il était sérieux à ce sujet. C’était toute sa vie. Il parlait même des entraînements. Très peu de joueurs parlent d’entraînements ! Et comment il voulait que l’on travaille… Je me rappelle avoir dessiné des schémas de finition pour lui, avec des centres et le reste… Il avait apprécié. Il était enthousiasmé par tout ça. J’ai tout de suite eu un bon feeling avec Romelu et cela n’a pas changé. Nous avons traversé de bons et de mauvais moments ensemble.”
Les bons se concentrent sur leurs 30 premiers mois de vie commune. Comme avec West Bromwich, l’attaquant a le bon goût de signer son entrée par un but. Pas contre Chelsea, le premier adversaire d’Everton après son arrivée puisque la Premier League interdit à un joueur prêté d’affronter un club dont il est propriété, mais devant West Ham. Entré à la pause, le Diable offre la victoire aux siens à la 85e minute sur un centre de Kevin Mirallas en marquant de la tête après un contact avec O’Brien. Sans pouvoir en garder un souvenir impérissable. “J’étais un peu groggy et j’ai tout de suite demandé au médecin : ‘Qui a marqué ?’ Il m’a répondu : ‘C’est toi’.”
“Cela a facilité les choses, clairement”, se rappelle Sylvain Distin, qui parle d’un jeune homme “calme et discret qui s’est fait sa place doucement dans le vestiaire”.
Sylvain Distin a apprécié jouer avec Lukaku: "Il fait partie des jeunes
qui ont encore la tête
sur les épaules et qui savent écouter"
Quatorze ans plus vieux, le Français est marqué par l’écoute de son nouveau partenaire. “Il y a beaucoup de jeunes qui n’écoutent pas grand-chose et qui font ce qu’ils ont envie. Lui fait partie des jeunes qui ont encore la tête sur les épaules et qui savent écouter.”
Et le défenseur lui tient souvent le même discours.
“Romelu est surtout étonnant par sa force physique”, souligne celui qui, niveau gabarit, avec ses 1,93 m pour 88 kilos, boxe dans la même catégorie. “Même encore aujourd’hui, je ne pense pas qu’il s’en rende compte, il est costaud naturellement. En tant que défenseur, ce que je lui disais souvent, c’est qu’il ne s’en servait pas assez. C’est une arme qu’il a. Dans les contacts, tu te rends compte que c’est costaud. Il ne jouait pas assez dessus. Je lui disais que c’était déstabilisant pour les défenseurs et qu’il devait plus en user.”
L’utilisation de son corps n’est pas le seul axe de développement du joueur. Comme du temps de Chelsea, où il répétait ses gammes avec Roberto Di Matteo, Lukaku rallonge les séances et Roberto Martinez lui fait beaucoup répéter ses gammes avec Ross Barkley, qui deviendra vite son complice sur le terrain. Le travail est aussi physique.
“Avec Romelu, nous avions établi un programme assez précis”, dévoile Martinez. “Au début, il n’était pas capable de jouer 90 minutes au même rythme. Quand il a signé à Everton, il n’avait joué que 9 matches complets avec Chelsea et WBA. Après avoir progressé physiquement, on a travaillé son jeu dos au but. Mais il a toujours eu ce sens naturel de la finition.”
Qui n’a cessé de se développer. Après une saison à 16 buts, Everton décide au retour de la Coupe du Monde 2014 d’acheter le joueur. L’affaire se fait très vite pour un montant toujours record dans l’histoire du club : 35 millions. La pression est intense. En privé, Roberto Martinez lâche : “S’il ne marque pas au moins 20 buts, nous allons être très critiqués”.
“C’était risqué, car il n’avait que 21 ans à l’époque”, confirme Jones. “Il avait déjà du rendement mais était dans le même temps encore dans un processus d’apprentissage. Il n’était pas un produit fini. Quand on achète un joueur de 28 ans, on sait pourquoi on paie. Avec un jeune, c’est moins évident. Mais on savait que la marge de progression de Romelu était très grande et on a eu raison. C’est un finisseur phénoménal. En plus, c’est un garçon intelligent, avec beaucoup de caractère. Et il est obsédé par le foot et la volonté de s’améliorer. On voit ça chez peu de joueurs. Son évolution a été exceptionnelle.”
La paire belge Lukaku - Mirallas fit le bonheur d'Everton.
20 buts en 2014/2015, puis 25 la saison suivante où le fil avec Martinez finit par se distendre et rompre.
“Ni plus, ni moins qu’avec les autres joueurs”, défend Mirallas.
L’arrivée de Ronald Koeman durant l'été 2016 avec un jeu plus direct a résonné comme un nouveau départ pour le chouchou de Goodison Park. Mais en le comparant à Patrick Kluivert parce que “comme lui, il pourrait jouer au Barça”, le Néerlandais fit grincer les dents en même temps qu’il mettait la pression sur ses dirigeants pour qu’ils retiennent leur joyau pour que celui-ci fasse franchir un cap à son club. Mais Everton devint vite trop petit pour lui.
“La progression de Romelu a toujours été constante. À chaque match qu’il joue, il exploite mieux son potentiel. Et son potentiel peut faire de lui l’un des meilleurs attaquants de la planète. À 23 ans, il avait déjà inscrit 50 buts en Premier League. C’est aussi bien que Ronaldo et mieux que Rooney !” clame Roberto Martinez.
“Luka a tout compris du football anglais, c’est quelqu’un qui va aller loin et qui est déjà loin”, confirme Christophe Lollichon.
Et Sylvain Distin d’ajouter : “Il est encore jeune. Il a 24 ans. Quand on parle de lui, on a l’impression qu’il en a déjà 27 ou 28. S’il conserve cette ligne de conduite, il ne sera pas loin des meilleurs joueurs du monde dans pas longtemps.”
Son départ vers Manchester United, durant l'été, s'inscrivait dans cet objectif. Everton ne pouvait lui offrir de briller en Ligue des Champions, par exemple, un passage obligé pour s'installer dans le cour des grands. Surtout après la fantastique saison 2016/2017 de Romelu, où seul un monstrueux Harry Kane l’a privé du titre de meilleur buteur. Tout n’a pas été parfait dans sa saison et il a notamment manqué d’impact face aux membres du Top 6. Mais avec ses 25 réalisations et ses 6 passes décisives, sa dernière saison à Everton fut une réussite qui se traduit par un autre chiffre, 50 %, comme son taux d’implication dans les buts des Toffees.
Duncan Ferguson et la corde
Avant Romelu Lukaku, les supporters d’Everton ne juraient que par Duncan Ferguson. L’Écossais a longtemps
été le chouchou de Goodison Park qu’il a fait vibrer dans son plus pur style britannique fait de puissance et coup de tête ravageur. L’attaquant était plutôt du genre difficile à bouger. À son arrivée à Everton, Roberto Martinez s’est appuyé sur celui qui était à l’époque éducateur à l’Académie en lui demandant
de s’occuper spécifiquement des attaquants. Et donc de Romelu Lukaku.
“Duncan est une légende et une véritable armoire à glace”, s’amuse Graham Jones. “Avec lui, on attachait Romelu Lukaku à une corde, pour développer sa puissance et son explosivité. On aurait pu croire que cela aurait posé problème à Romelu, mais il se débrouillait très bien. Et il en redemandait.”
Old Trafford, le théâtre de ses rêves
Juillet 2017 >
(9 matches, 10 buts) au 27/09/17
À Manchester United, l’attaquant des Diables a tout pour continuer sa progression et se rapprocher de l’élite mondiale
Lukaku a annoncé son arrivée à ManU à Pogba
via une vidéo postée sur les réseaux sociaux.
Fini les faire-part. Le mariage a été officialisé sur les réseaux sociaux durant l'été. Parce qu’il faut vivre avec son temps...
C'est sur Instagram, au travers d’une vidéo avec son pote Pogba mettant en scène les deux hommes où Lukaku a donné rendez-vous à son compère “demain à l’entraînement” parce que “tout est carré” et surtout “que le suspense est fini”, que le transfert de Lukaku à ManU a été acté.
Romelu Lukaku souhaitait franchir un cap en disputant enfin la Ligue des Champions. Manchester United était à la recherche d’un avant-centre d’envergure pour succéder à Zlatan Ibrahimovic. Les deux parties étaient faites pour s’entendre, avec dans le rôle des entremetteurs Mino Raiola et Paul Pogba, et dans celui de maître de cérémonie José Mourinho. L’été a été léger. Comme une lune de miel que le Portugais a parsemé de mots doux susurrés dans le creux de l’oreille de son attaquant qu’il trouvait “brillant”, “fait pour Manchester United” avec “une grosse personnalité”. Lukaku, lui, assure “avoir déjà progressé” au contact d’un entraîneur qui l’avait snobé à Chelsea. Les trophées attendront un peu, pas les buts : l’attaquant en a inscrit trois en préparation puis un contre le Real Madrid lors de la Supercoupe d’Europe, après avoir manqué aussi une grosse occasion, trois autres en Ligue des Champions et six lors de ses six premiers matches de Premier League sous le maillot des Reds Devils.
Mais il a déjà découvert le poids des attentes, les doutes qui affleurent lorsqu’il est question de l’avant-centre titulaire de Manchester United qui, d’Andy Cole à Robin Van Persie en passant par Dwight Yorke, Ole-Gunnar Solskjaer, Ruud Van Nistlerooy ou encore Dimitar Berbatov, a vu passer des finisseurs de grands talents ces deux dernières décenies.
Légende vivante du club désormais consultant pour Skysports, Ryan Giggs ne s’en est pas caché avant les trois coups de la saison anglaise.
“Romelu Lukaku va marquer beaucoup de buts, il n’y a pas de doutes là-dessus. Il doit encore travailler sa première touche de balle mais il a déjà marqué beaucoup avec West Bromwich et Everton et aura encore plus d’occasions aussi à Old Trafford”, a relevé le Gallois. “Ce qu’il n’a pas expérimenté, c’est la pression liée au fait d’être l’avant-centre de Manchester United. Il y a eu trop de matches à domicile où nous ne nous sommes pas créées assez d’occasion mais cela ne dépend pas que de Lukaku, toute l’équipe doit faire mieux.”
Glenn Hoddle, dans le Daily Mail, avait, lui, étalé “ses doutes”. “Nous savons pourquoi Mourinho ne comptait pas sur lui à Chelsea. C’était à cause de sa première touche de balle”, a écrit l’ancien sélectionneur anglais. “Mon sentiment avec lui, c’est qu’il a besoin d’espace pour jouer et pour se projeter. Il est meilleur quand il en a. Or, il n’en aura pas à Old Trafford face à des équipes qui vont se regrouper pour défendre. Il va marquer sur phases arrêtées mais je suis impatient de voir combien de buts il marquera dans le jeu à domicile. La vie sera peut-être difficile pour lui. United a fait 10 nuls à la maison, n’a marqué que 26 buts. Même Everton a fait mieux. Concrétiser ses occasions s’annonce vital. Lukaku est sous pression.”
Le Diable en a conscience, lui qui aspire à s’inviter à la table des Lewandowski, Suarez et autre Ronaldo.
“Je suis encore loin de leur niveau”, expliquait-il lors de sa tournée médiatique de présentation. “Tout ce que je veux, c’est continuer à progresser. Il y a beaucoup de travail encore à accomplir et j’en suis ravi : cela prouve que je peux devenir un meilleur joueur que je ne le suis déjà.”
Débuts réussis sous le maillot de ManU.
“C’est en étant exigeant qu’on progresse”
On le dit arrogant. Lui se qualifierait sans doute d’ambitieux. Romelu Lukaku n’a jamais caché que son objectif était de rejoindre les meilleurs avant-centres de la planète. Et pour atteindre son but, le Diable de 24 ans possède un maître : Thierry Henry.
“Il m’a aidé à m’améliorer au niveau des mouvements à adopter sur le terrain, car les siens étaient impeccables”, a expliqué l’ancien Anderlechtois.
Mais preuve que l’apport de Titi ne se limite pas à des détails techniques, le numéro 9 de Manchester apprécie également un autre aspect du coaching du Français, adjoint de Martinez chez les Diables. “Il m’a beaucoup appris sur le plan mental, comment se préparer pour un match et surtout quelles sont les attentes au plus haut niveau, car je lui avais dit depuis longtemps que je partirais dans un grand club”, dit-il. “Il m’a appris l’exigence. Il l’est vraiment beaucoup avec ses joueurs, mais c’est comme ça qu’on progresse.”
De l’ambition, pas de l’arrogance, donc. C’est peut-être ça qui va permettre à la Belgique de franchir un cap, de passer de nation plus que prometteuse à véritable géant européen et mondial.Imperméable à la pression, qu’il préfère qualifier de “challenge qu’il aime”, le joueur a également trouvé à Manchester un terrain d'amitié avec son pote Paul Pogba.
“Il m’a emmené deux ou trois fois devant Old Trafford l’an dernier”, sourit le Diable. “Moi je regardais le stade sans rien dire.”
Le milieu de terrain français a bien fait. Car ce travail de sape a fini par trotter dans la tête de son pote belge…
“On a joué contre eux début avril avec Everton. Là, je suis monté sur le terrain et j’ai senti que cette pelouse était pour moi. C’est là que je me suis décidé.”
La suite, on la connaît : une signature pour 85 millions à ManU, une préparation réussie, un début de saison canon et une entente au beau fixe avec les gars de Mourinho.
“Le stade, l’histoire, les supporters à travers le monde, c’est le plus grand club de la planète…”, assène-t-il. “Sur le plan anglais et européen, c’est le meilleur environnement dans lequel je pouvais progresser, surtout avec ce coach et ces joueurs.”
Comme un certain Zlatan Ibrahimovic, qui sera de retour d’ici quelques mois… Un attaquant expérimenté qui pourra lui aussi permettre à Lukaku de devenir meilleur en élargissant sa palette, notamment au poste de pivot, qui ne plaît pas forcément à Romelu mais qu’il dit pouvoir endosser “sans problème”. Et avec le sourire. Le même qu’il arborera l’été prochain en Russie ?
Le futur meilleur buteur de l'histoire des Diables doit entrer dans la légende en Russie
La Belgique est devenue début septembre le premier pays d'Europe a obtenir son billet pour le Mondial 2018 en Russie, après sa victoire décrochée contre la Grèce, à Athènes (2-1), grâce à un but de Romelu Lukaku à un quart d'heure du terme. L'attaquant transféré d'Everton à Manchester United cet été pour 85 millions d'euros a confirmé son état de grâce actuel. Déjà auteur d'un coup du chapeau quelques jours auparavant face à Gibraltar, Lukaku a délivré les siens à la 74e minute d'un coup de tête précis à la réception d'un centre de Thomas Meunier.
Décisif donc, avec les Diables, titulaire indiscutable à la pointe de l'attaquant belge, le n°9 de Manchester United a pourtant une histoire commune contrastée avec les Diables. Malgré ses 27 buts en 62 matches pour son pays, depuis sa première sélection le 3 mars 2010 contre la Croatie, il n'a pas toujours fait l'unanimité. Ce qu'il lui manque sans doute, c'est de réaliser un grand tournoi, et de marquer... défintivement l'histoire de la Belgique. Il en aura l'occasion en Russie, cet été. Puisse-t-il ne pas sortir carbonisé d'une saiosn qui sera inévitablement longue et intense avec Manchester United.
Car tant au Brésil, lors du Mondial 2014, ou en France, durant l'Euro 2016, Lukaku a dû vivre sous le feu des critiques. À la Coupe du Monde, il sauva sa compétition en se montrant décisif en huitièmes de finale contre les Etats-Unis, mais il avait perdu sa place de titulaire au profit d'Origi alors que l'absence pour blessure de Benteke aurait dû l'installer confortablement dans le fauteuil du n°9. Et lors de l'Euro, ses deux buts contre l'Irlande, lors du deuxième match, furent suivis par trois matches sans trouver le chemin de filets, et quelques occasions galvaudées. Le Mondial russe doit donc définitivement faire entrer Romelu dans la légende de notre football...
Belgique - Gibraltar avec un triplé de Lukaku.
24 ou 27?
Le triplé de Romelu Lukaku contre le Luxembourg (match annulé à cause des… 7 changements effectués par Wilmots) pourrait tout de même être validé par la Fifa. L’attaquant de Manchester United passerait ainsi de 24 à 27 buts chez les Diables. À 3 longueurs seulement de Paul Van Himst et Bernard Voorhof. Ces deux attaquants avaient atteint le cap des 27 buts au même âge : 28 ans. Lukaku n’a que 24 ans, 4 ans d’avance donc…
"Pour certains, le prix d’un transfert
est synonyme de pression.
Pour d’autres, c’est un boost"
Romelu Lukaku est devenu, au fil des saison et des buts, souvent importants, inscrits sous la vareuse des Diables, l'indiscutable titulaire du poste d'attaquant de point de notre équipe nationale.
Romelu Lukaku garde l’esprit serein. Ses mots sont à l’image de son début de saison : tout en puissance et droit au but.
Romelu, votre statut en équipe nationale a-t-il changé suite à votre transfert à Manchester United ?
"Je sais que je suis plus regardé et que la barre a été placée un cran plus haut. Mais je m’y étais préparé. Tant au niveau physique et footballistique que mental. J’ai toujours dit que je me sentais prêt à jouer pour un si grand club. Ma faim est encore plus grande qu’avant. Je veux gagner des prix."
Et vous avez commencé en trombe...
"La pré-saison s’est bien déroulée. J’ai eu la chance d’arriver tôt à Manchester. Je connaissais beaucoup d’équipiers avant de signer. J’ai également la chance de pouvoir compter sur un coach qui m’aide beaucoup."
Comment est José Mourinho au quotidien ?
"Il apprend sans cesse et n’arrête jamais. L’an passé, il a remporté trois trophées. On est bien parti cette année mais il garde les pieds sur terre."
Et avec vous ?
"Il est très exigeant. Il sait que je suis plus âgé que la première fois qu’il m’a eu sous ses ordres. J’avais seulement 20 ans et je n’étais pas prêt pour Chelsea. On a gardé contact depuis et quand il m’a appelé pour me convaincre, on a discuté durant une heure. Notre relation est forte."
Vous vouliez vraiment retrouver le Special One!
"Depuis mes 11 ans, je rêve de jouer sous l’égide de José Mourinho. Maintenant que c’est le cas, on essaie de réaliser quelque chose de spécial. Quoi ? Vous verrez ça à la fin. (rires)"
Vous avez coûté plus de 85 millions (sans compter les bonus) et vous n’êtes que le quatrième transfert le plus onéreux de l’été. Vous rendez-vous compte de la flambée des prix ?
"Je savais que ça allait arriver. J’étais certain que le foot allait devenir comme la NFL (la ligue de football américain). On est tellement médiatisés que c’est logique. Le transfert de Neymar ne m’a pas surpris. Pour certains, le prix d’un transfert est synonyme de pression. Pour d’autres, c’est un boost. Je fais partie de la seconde catégorie."
Comment faites-vous pour gérer cela à seulement 24 ans?
"J’étais prêt à vivre tout ça car je l’ai vécu avant avec la carrière de mon père. Il n’y a rien qui change dans ma vie. Je n’ai pas envie d’être une star en dehors du football. J’ai eu une bonne éducation qui m’aide à relativiser.Vous avez une clause dans votre contrat à Manchester United ?"
Car votre père, Roger, a dit que vous pourriez un jour coûter 300 millions d’euros!
"(rires) Il n’y a pas de clause. Je ne compte pas partir de toute façon. J’ai un contrat de 6 ans, je ne bouge pas. Je suis bien là-bas. C’est un grand club."
Roger Lukaku.
Votre saison sera longue avec trois compétitions nationales et la Ligue des champions. Devez-vous quand même garder la Coupe du monde dans un coin de votre tête?
"Vu ce que nous voulons réaliser avec United, je ne peux pas uniquement penser à la Coupe du monde. Je dois me concentrer sur mon club. ”
Lukaku va battre le record de burs de Paul Van Himst en équipe nationale.
Roberto Martinez apprécie les progrès de Lukaku
Le sélectionneur des Diables rouges a tenu à souligner la progression de Romelu Lukaku depuis son arrivée à Manchester United
"J'ai noté une grande différence depuis qu'il est à Manchester. Il est encore très jeune, on oublie parfois qu'il n'a que 24 ans, mais le nombre de buts qu'il marque est sensationnel. C'est un joueur qui veut continuer de progresser et apprendre. Ce sera évidemment le cas avec José Mourinho."
L'attaquant des Diables fait un début de saison parfait et semble justifier le montant de son transfert, qui a beaucoup fait parler à son annonce Toujours selon Martinez, Romelu apparaît plus mature qu'avant lors de ses dernières convocations en sélection des Diables Rouges.
Romelu Lukaku a fait des débuts remarqués avec Manchester United. D’où cette question importante à poser à Roberto Martinez : peut-on mettre un joueur à 85 millions sur le banc ?
"Quand on dépense autant, vous voulez le joueur en forme et sur le terrain" , sourit Martinez.
Après cette esquive, il a pris la balle au bond pour défendre le buteur qu’il a vu grandir avec Everton et les Diables.
"Le plus important avec Rom , que je connais bien, c’est qu’il rayonne sur le terrain. Je le vois dans son langage corporel. Quand il manque une occasion, il réagit et fait tout pour mettre la suivante. Romelu n’a que 24 ans et il est déjà un grand finisseur. Certains vont toujours voir ce qu’il ne fait pas bien, mais un joueur ne peut pas tout réussir. C’est impossible. Je suis ravi pour lui : il prend ses responsabilités et assume l’un des rôles les plus en vue dans le football mondial."
Et sa relation avec Thierry Henry, parfois critique envers Romelu...
"Ils ont tous les deux une relation très sincère. Thierry sera le dernier à se satisfaire des prestations de Romelu. Thierry sait ce que Rom traverse et ce qu’il peut faire. C’est bien d’avoir cette franchise. Romelu sait qu’il ne doit pas s’attendre à des compliments de sa part ! Rom est perfectionniste et est obsédé par sa progression. Henry l’aide dans ce processus. Comme à l’époque, Samuel Eto’o l’avait aidé à Everton."